Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recueil de Témoignages, Chroniques de Luttes et Résistances

24 Jan

Al-Khalil, le sionisme à son paroxysme.

Tous ceux qui sont passés par Hébron sont unanimes, l’occupation y atteint un stade difficile à imaginer et l’ambiance générale, particulièrement dans la vieille ville y est « très, trop intense. »

La conjoncture d’Hébron est assez unique puisque c’est la seule ville Palestinienne où des colonies sont installées à l’intérieur même de la ville. Etant donné la tendance exclusiviste et paranoïaque des colons installés en Cisjordanie, vous pouvez imaginer le genre de situation que cela peut générer. Pour vous en donner une idée, 4000 soldats protègent les 400 colons. Le cocktail est d’autant plus explosif que les colons qui s’y sont installés sont en grande majorité des extrémistes religieux et sionistes convaincus.

 

Quelques soldats dans la vieille ville
Quelques soldats dans la vieille ville
Quelques soldats dans la vieille ville

Quelques soldats dans la vieille ville

Le 25 février 94, un jour de ramadan, Baruch Goldstein du parti nationaliste religieux Kach et Kahane Chai est rentré dans la mosquée d’Abraham (aussi appelé tombeau des patriarches) et a tiré sur la foule en prière. Vingt-neuf Palestiniens ont été tués et 250 blessés. Cet évènement a donné prétexte à un couvre-feu à l’issue duquel la mosquée avait été séparée en deux. La partie supérieure était désormais interdite aux Palestiniens.

 
Le tombeau des patriarches, partie inférieure
Le tombeau des patriarches, partie inférieure
Le tombeau des patriarches, partie inférieure

Le tombeau des patriarches, partie inférieure

 

C’est une des étapes marquantes du processus de séparation et d'expulsion des Palestinien du centre-ville historique d’Hébron. En Janvier 1997, la ville a été séparée en deux zones: la zone H1 sous contrôle Palestinien et la zone H2, sous contrôle Israélien. Depuis cette date, les Israéliens ont travaillé au dépeuplement palestinien de la zone. Les contrôles à l’entrée de la zone, les nombreux couvre-feux (jusqu’à 45 jours de suite pendant l’intifada), le harcèlement des colons… ont contraint les commerçants à abandonner leur boutique. Ceux qui ne partaient pas volontairement ont vu leur bâtiment condamné. Les habitants de cette zone ont été délogés par des stratagèmes similaires.

Ceux qui subsistent ont été confrontés et continuent de subir un harcèlement, une répression et une asphyxie financière sans pareil. Pour exemple, les commerçants ont été forcés d’installer un grillage au-dessus de leurs magasins car les colons dont les maisons surplombent le marché leur jettent dessus, depuis leurs fenêtres, leurs ordures ménagères. 

La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.
La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.

La séparation d'Hébron en 2 zones. Des grillages de protections ont été installés palestiniens afin de faire face aux jets de pierres et de déchet.

Hashem, assigné à résidence par ordre d’un tribunal militaire Israélien, voisin d’une figure de la ligue de défense juive, extrémiste religieux particulièrement virulent, a été notre guide dans la vieille ville et nous a fait part des difficultés de son quotidien.

Interdit de sortie de la zone, il nous rejoint à la sortie du check point. Nous descendons la rue des martyres. Les commerces de part et d’autres sont scellés, il n’y a plus âme qui vive et les vestiges d’une activité passée évoquent l’angoissante quiétude d’une ville fantôme. Sur les portes condamnées des affiches en Hébreu, incitant, semble-t'il, au meurtre des arabes pour le salut de l’âme sont incomplètement décollées. 

Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs
Le check point et la rue des martyrs

Le check point et la rue des martyrs

 Quelques minutes plus loin, un soldat nous interpelle. Il veut de nouveau vérifier nos papiers d’identité. Lorsqu’il comprend qu’Hashem vit ici, il lui rappelle que l’accès au prolongement de la rue lui est interdit. Le soldat protège l’hôpital Israélien Beit Hadassa. Un panneau prétend retracer l’histoire de ce bâtiment qui aurait été construit en 1893 par la communauté juive d’Hébron.

 

 « Ils ont changé la date, nous explique Hashem, en 2012 ils avaient inscrit 1897. En vérité ce bâtiment a été construit en 1830, c’était déjà un hôpital sous l’empire Ottoman, Les Britanniques en avaient fait un tribunal. Il a été rendu aux Palestiniens à leur départ. Des juifs ont cohabité avec les Palestiniens dans cette demeure, les différentes familles partageaient tous les aspects de leur quotidien (culture de la terre, élevage en commun…). Avec l’arrivée des sionistes, ces familles juives ont déserté Hébron. En 1948, le bâtiment a été légué à l’UNRWA et est devenu une école pour jeunes garçons. Ce n’est qu’en 1976 que les colons sont parvenus à expulser l’UNRWA, à force de rassemblements religieux devant l’établissement. Le passage dans la rue est dès lors devenu périlleux pour les Palestiniens: harcèlement, jets de pierres, attaques de voitures et finalement assassinat de trois Palestiniens. Suite à quoi, des clashs ont éclaté et ont conduit au décès de 6 soldats Israéliens. Depuis, les maisons adjacentes ont été confisqués, un bâtiment a été construit à la mémoire de ces 6 soldats et le passage dans la rue est devenue impossible pour les Palestiniens. »

L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.
L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.
L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.
L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.
L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.
L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.

L'hopital Beit Hadassa, le bâtiment en mémoire des soldats Israéliens, fermeture des accès à la rue.

Pendant plus d’une heure Hashem nous a conté l’histoire de ce centre-ville, tel qu’il est médiatisé par les colons puis il nous donnait sa version. Il s’est attaché à souligner les indices inscrits dans la pierre qui pouvaient la certifier. Les messages de haines envers les arabes parsèment la zone : « gaz the arabes, kill the arabes », des tags sionistes incitent à déporter les arabes jusqu’au ciel et les poursuivre après leur mort pour s’assurer qu’ils vont bien en enfer. 

Tags et affiches de propagandes
Tags et affiches de propagandes
Tags et affiches de propagandes
Tags et affiches de propagandes
Tags et affiches de propagandes
Tags et affiches de propagandes

Tags et affiches de propagandes

Puis c’est son histoire qu’il raconte. Les difficultés du quotidien dans une zone où tout déplacement est réglementé et aucun service n’est accessible. Ils n’ont pas d’ambulance, pas d’hôpitaux (Beit Hadassa ne soigne pas les arabes), aucune voiture palestinienne ne peut circuler. Les blessés et les malades sont transportés à la force des bras…

« Les colons ont tout fait pour que je quitte ma demeure : ils m’ont proposé 20 millions de dollars, des femmes… Puis ils m’ont interdits l’accès au chemin qui y mène, je devais escalader un mur de 4 mètres pour rentrer chez moi. Pendant 3 ans j’ai vécu sans eau courante parce qu’ils avaient déduits les tuyaux qui acheminaient l’eau.  Ils ont abattu mes oliviers, détruits mes vignes et mon verger. Ils sont rentrés chez moi, ont brisé mon mobilier. Ma femme a fait deux fausses couches suite à des tabassages de colons et militaires. » 

Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...
Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...

Rue et chemin menant à la maison d'Hashem. En jaune la maison de son voisin, le mur qu'il devait escalader. Quelques dégradations: de ses oliviers, raisins, meubles...

Hashem est allé devant la Cour, avec le soutien d’Amnesty International et a obtenu que l’eau courante soit rétablie chez lui, de rouvrir le chemin qui mène sa maison. Il a même été autorisé à récolter ses oliviers à certaines dates. Il n’y est jamais parvenu cependant : soit les olives avaient été récoltées avant cette date, soit l’attaque des colons l’ont forcé à s’en abstenir.

Mais Hashem est un militant de la première heure et reste bien décidé à ne pas se laisser déloger. Il a créé une association, pour faciliter la vie des Palestiniens de la zone. Il refuse tout financement public ou d’ONG et refuse toute subordination. Des consultations médicales gratuites sont organisées. Des fauteuils roulants sont accessibles. Dans les locaux de son association ont lieu divers ateliers notamment d’éducation sexuelle, de soutien psychologique. Une salle de jeu est mise à disposition pour les enfants.

Une petite boutique tenue par un jeune handicapé a été ouverte à côté de l’association. Plus important, il a obtenu que se créent des accords avec diverses universités de Cisjordanie permettant aux étudiants de la zone dont la moyenne est supérieure à 75% de bénéficier de bourses d’études couvrant la totalité de leurs frais de scolarité. Les autres (dont la moyenne est inférieure à 75%) bénéficient d’une couverture partielle (25%). « Alors que seules 48 familles perduraient dans la zone il y a 1 an, les Palestiniens commencent à revenir habiter dans le centre-ville qui compte aujourd’hui 120 familles. » 

Son association

Son association

Commenter cet article

À propos

Recueil de Témoignages, Chroniques de Luttes et Résistances