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Recueil de Témoignages, Chroniques de Luttes et Résistances

15 Jan

Jenin Jenin

Le camp de Jenin situé au nord de la Cisjordanie, à proximité du mur de l’apartheid compte aujourd’hui près de 16000 résidants sur 1km² alors qu’il était initialement prévu pour 2000 personnes.

Il est unanimement cité comme un important centre de résistance. En 2002, le camp a subi un siège de 21 jours. Plus de 500 maisons ont été complètement détruites et plusieurs centaines endommagées. Pendant toute la durée du siège, une centaine de jeunes ont résisté à l’intrusion de bataillons entiers de l’armée Israélienne. Cette résistance a été réprimée dans le sang et le camp dénombre un flot de martyrs et prisonniers. Aujourd’hui, le camp a été reconstruit et les rues agrandies de force pour permettre le passage éventuel des chars de l'occupant. Les arrestations et assassinats sont toujours légion (il y a de ça 2 semaines les Israéliens ont assassiné un jeune du camp, toujours sous prétexte d’appartenance au djihad Islamique, en l’occurrence ils cherchaient pourtant un de ses amis).

Les droits sociaux des réfugiés sont constamment violés. Le taux de chômage est record dans les camps et l’accès à l’éducation, à la santé, etc. plus que limités.

 

Quelques photos du camp
Quelques photos du camp
Quelques photos du camp
Quelques photos du camp
Quelques photos du camp
Quelques photos du camp
Quelques photos du camp

Quelques photos du camp

Sculpture à l'entrée du camp faite du cadavre d'une ambulance prise pour cible en 2002

Sculpture à l'entrée du camp faite du cadavre d'une ambulance prise pour cible en 2002

"Dans les camps, chaque famille a son histoire et son lot de souffrances."

 

Le drame de la famille qui nous accueille a été le décès de leur fille de 13 ans il y a de ça 5 mois. Elle souffrait d’une maladie du cœur, provoqué apparemment par un virus.

"Elle est morte aujourd’hui mais le sentiment d’injustice reste, on n’arrive pas à accepter." Leur fille, qui avait besoin d’une transplantation cardiaque pour continuer à vivre, avait pourtant été « prise en charge » par le président de l’autorité palestinienne. Un médecin de est venu dans le camp, a pris des photos avec Tela et annoncé à tous les médias et la famille qu’ils se chargeaient de son dossier, qu’ils allaient payer pour qu’elle puisse recevoir un cœur. 

Si ils furent compétent pour médiatiser leur soutien à la famille, à l’heure de faire leur travail, de se mettre en relation avec les hôpitaux, de verser l’argent nécessaire à sa prise en charge et son transfert, il n’y avait plus personne. Elle ne pouvait bien entendu pas bénéficier d'une transplantation en Israël puisque c’est une opération réservée aux Juifs (en tout cas ils sont prioritaires). Alors pendant des mois ils ont attendu, "on n’a pas encore de réponse ; la secrétaire est absente, on ne peut pas envoyer tel ou tel papier ; on attend une confirmation de la Ukraine (qui pouvait la prendre en charge à moindre frais)" ; ont été autant d’excuses et de justifications à leur inaction.

 

Pourtant, grâce à l’aide d’amis en Europe qui ont déposé son dossier, Tela avait été acceptée dans des hôpitaux d’Italie et d’Allemagne. Quand ces hôpitaux demandaient si le prix était un souci, l’autorité répondait que non, qu’ils allaient payer. "C’est ça le pire, c’est qu’ils ne nous ont pas aidé, mais ils n’ont pas non plus laissé les autres nous aider ; si ils avaient été clairs et annoncé dès le départ qu’ils ne paieraient pas, ou que c’était trop cher on aurait trouvé d’autres solutions."

Les seuls moments où ils avaient des nouvelles du médecin responsable du dossier sanitaire, c’est quand ils acceptaient que des médias d’opposition dénoncent leur inaction. "Tu ne peux pas parler de nous comme ça."

 

Najet avait toujours été engagé aux côtés de l’autorité palestinienne et du Fatah à travers le comité populaire du camp de Jenin. "Je me rends compte que j’ai passé ma vie à croire à des mensonges. Aujourd’hui je le dis haut et fort, ne donnez pas d’argent à l’autorité palestinienne, les politiciens ne travaillent que pour leur propre prestige et ne redistribuent rien au peuple."

"Une étude de l’Union Européenne a démontré qu’au moins 2 millions d’euros d’aides envoyés à l’autorité Palestinienne ont complétement disparu entre 2008 et 2012. Par contre quand il s’agit de la santé des dirigeants ou de leurs enfants, ils ne lésinent pas sur les moyens, certains vont se faire refaire les dents en Europe…"

"Cet argent est censé revenir au peuple, pour lui permettre de résister, pas pour qu’une petite minorité s’enrichisse et construise de belles maisons. La vérité c’est que les gens meurent mais nos "représentants" ne veulent pas d’intifada (révolution), une révolution n’est pas une révolution d’argent. Depuis Oslo, les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Ils négocient toujours pourtant il y a toujours plus de colonies, de réfugiés, de prisonniers qui n’ont pas accès aux soins quand ils ont la chance de sortir... Eux ne travaillent que pour avoir un poste et de gros salaires. Le parlement ne se réunit même plus et les députés gagnent des fortunes."

"L’injustice est dure à vivre, si Tela était la fille d’un dirigeant, elle vivrait encore. Les martyrs sont toujours les pauvres. Même si on ne trouvait pas immédiatement de cœur, les médecins étaient prêts à faire une transplantation d’un cœur artificiel. Même eux avaient travaillé sur son dossier et n’ont pas compris. Tout le monde aimaitTela…"

 

La famille de Najet a été particulièrement touchée par les difficultés d’accès aux soins. Son mari (Bassam) s’est ruiné la santé en allant travailler illégalement en Israël. Il a bénéficié d’une transplantation rénale en Jordanie mais son traitement l’empêche aujourd’hui de faire un usage normal de ses jambes. Leur budget déjà peu élevé supporte difficilement les couts des médicaments aléatoirement remboursés, les allés retours à l’hôpital, la mise en conformité de la voiture pour que Bassam puisse se déplacer…

 

Malgré la douleur et les difficultés, leur hospitalité, leur bienveillance, leur générosité furent sans pareil.

 

Aujourd’hui ils voudraient que l’autorité réponde de son inaction devant un tribunal : «Tela est décédée il y a de ça 4 mois mais l’histoire se répète: a Béthlehem, Ahmad, âgé de 17 ans, a lui aussi besoin d’une transplantation cardiaque. La même personne est responsable de son dossier sanitaire à la présidence... »

 
Tela et sa famille
Tela et sa famille
Tela et sa famille
Tela et sa famille

Tela et sa famille

Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui
Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui
Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui
Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui
Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui
Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui

Quelques photos du Freedom Theater aujourd'hui

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