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Recueil de Témoignages, Chroniques de Luttes et Résistances

14 Dec

Bethléem, Aïda Camp

La première étape de notre voyage fut Bethléem et plus particulièrement le camp de Aïda. 
Haut lieu de pèlerinage, Bethléem est une ville sainte pour les trois religions monothéistes, plusieurs millions de touristes y transitent chaque année pour visiter les lieux sacrés. Cette ville fut également un lieu d'accueil pour une partie des réfugiés Palestiniens de 1948, chassés des villages des régions d'Hébron et de Jérusalem. On y compte encore aujourd'hui 3 camps de réfugiés. 
 
Source: OCHAEn théorie, les accords d'Oslo divisent la Palestine en trois zones: la zone A octroie à l'autorité Palestinienne une complète autonomie administrative et militaire; la zone B reste sous administration palestinienne mais sous contrôle militaire Israélien, la zone C est sous contrôle exclusif Israélien. Si la ville de Jérusalem reste cependant exclue de cette division tripartite, Bethléem quant à elle est une des 8 villes appartenant à la zone A. 
En revanche nombre de touristes visitent Bethléem sans réaliser qu'il s'agit d'une ville Palestinienne. Les pèlerins sont bien souvent pris en mains par l'industrie touristique Israélienne et ce parfois dès leur arrivée à Tel Aviv. Ainsi 95% des revenus générés par les flux touristiques profitent à l'économie Israélienne. 
Loin de l'animation touristique du centre ville, la réalité des camps de réfugiés et des conditions d'un grand nombre de Palestiniens est bien différente de la carte postale aseptisée et occidentalisée promu par l’État sioniste. 
 
Imbroglio de promiscuité, solidarité, galères, sens du partage, conflictualités religieuses et politiques, luttes quotidiennes pour la survie et contre un oppresseur on ne peut plus présent... le camp de réfugié d'Aïda a été pour nous un lieu de rencontre haut en couleur à la fois énigmatique, révoltant et séduisant.
Bienvenu à Aïda camp

Le camp accueille sur une surface de 6.5ha, 5000 réfugiés en provenance de 14 villages. Il suffit d'arpenter une des nombreuses ruelles pour se rendre compte qu'il est aujourd'hui peuplé d'une majorité d'enfants privés de toutes activités éducatives ou même d'aire de jeu depuis la construction du mur de l'apartheid. 
L'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) est censé prendre en main la gestion des camps de réfugiés mais seul un service dérisoire y est assuré.
Une seule école ouverte uniquement le matin est loin de pouvoir recevoir tous les aspirants écoliers. 

Bennes de l'UNRWACependant, la dépendance à l'UNRWA dans la gestion de la vie du camp de réfugié (ramassage des ordures énigmatique, des bennes sont bels et bien présentes mais inaccessibles, les déchets sont finalement brûlés dans une décharge à ciel ouvert au pied du mur) n'est qu'un détail dérisoire au regard des difficultés engendrés par le contrôle et la tutelle Israélienne. 

Le camp est approvisionné en eau et électricité au bon vouloir de l’État Israélien et les coupures sont régulières.
 Les permis de passage du check-point sont distribués sporadiquement et sa traversée est une épreuve quotidienne pour ceux qui ont la chance de pouvoir sortir de Bethléem  (alors que se rendre à Jérusalem ne prenait que 20 minutes avant la construction du mur, les travailleurs patientent aujourd'hui plusieurs heures pour sortir de la ville). 

Par ailleurs, le quotidien des jeunes est rythmé par les arrestations et les séjours en prison. Il semble que rare sont ceux qui soient passés entre les mailles du filet. Il suffit d'être soupçonné de sympathie envers un parti d'opposition et la police Israélienne ou Palestinienne rapplique dans la maison familiale pour une arrestation préventive, couplé d'humiliation et d'intimidation pour le reste de la famille.

La soi-disant autonomie militaire de la ville de Bethléem n'est qu'une vaste mascarade. Les exemples de subordination de la police et de l'armée Palestinienne aux services de sécurité Israéliens sont probants. La collaboration prend diverses formes : liberté de mouvements et d'action des militaires Israéliens sur la zone A au vu et su de tous, arrestations par les services Palestiniens pour le compte d'Israël... 
 
La détention préventive peut ensuite durer 6 mois, renouvelables à souhait. Les aveux obtenus sous la torture font allègrement office de preuve et  les différentes techniques décrites par quelques jeunes rivalisent de cruauté (suspensions, étouffement dans un sac plastique rempli de sa propre urine, des centaines de jours passés dans une cellule de 1m sous plafond...).  En outre les détenus sont privés de toute communication avec l'extérieur pendant l'intégralité de leur séjour en prison. Nombre sont ceux qui nous ont conté avoir appris le décès d'un proche à leur sortie (autrement dit parfois plusieurs années après les faits).

Confrontation aux portes d'AïdaD'autre part, la proximité du mur et d'une des bases militaires Israéliennes tend particulièrement la situation du camp. Le jour de notre arrivée à Bethléem, 3 jeunes avaient été assassinés par les Israéliens a Hébron pour une raison mystérieuse. En protestation, plusieurs enfants du camp ont commencé à jeter des pierres en direction de la base militaire. La réponse ne s'est pas fait attendre et tous les après midi pendant notre séjour à Aida l’entrée du camp se transformait en champ de bataille où gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc ou réelles fusaient. 
Des dizaines de jeunes ont été blesses, parfois grièvement et les provocations de l'armée allant crescendo, la situation s'est dégradée de jour en jour.Ambulance amène un blessé à balle réelle
 
Les jeunes ne manquent pas de témérité face à l'occupant qui se présente devant eux en géant militaire et ils expriment leur désir le liberté, leur rage et leurs frustrations, armés de leur seule fronde.
 
Si ils résistent au prix de leur sang pour défendre les terres Palestiniennes (le camp est la porte d'entrée de Bethléem), chacun rêve encore d'un retour dans le village de leurs parents dont le récit a souvent bercé leur enfance et s'ils n'ont jamais foulés ces terres, ils gardent précieusement la clef de la maison familiale. 
                                    
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square
Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square

Bethléem, centre ville, église de la nativité et sapin de manger square

Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp
Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp

Quelques images des confrontations entre l'armée Israélienne et les jeunes du camp

Restes de munitions untilisés par l'armée retrouvés à Aïda après les confrontations
Restes de munitions untilisés par l'armée retrouvés à Aïda après les confrontations
Restes de munitions untilisés par l'armée retrouvés à Aïda après les confrontations

Restes de munitions untilisés par l'armée retrouvés à Aïda après les confrontations

La base militaire aux portes d'Aïda, encerclée par le mur

La base militaire aux portes d'Aïda, encerclée par le mur

Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp
Le mur, Béthléem et Aïda camp

Le mur, Béthléem et Aïda camp

Une des nombreuses colonies de Béthléem

Une des nombreuses colonies de Béthléem

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